Randonnées pour grizzlys

et autres animaux solitaires

Carte

En résumé:

Cartes:

Liens (cliquer sur le drapeau):

Combe de l'A, col du Névé de la Rousse, Le Basset

Cette randonnée figure dans le livre

Randonnées pour Grizzlys

Alpes valaisannes

paru en 2013 aux éditions Slatkine. Livre 'Randonnées pour Grizzlys - Alpes valaisannes'

Le livre peut être commandé en ligne sur le site de Slatkine ou acheté dans toute bonne librairie de Suisse Romande.

La ferme de La Peule, coiffée par les Grandes-Jorasses
1 - La ferme de La Peule, coiffée par les Grandes-Jorasses

On aurait aussi pu baptiser cet itinéraire « Tour de la Tsavre », car c’est autour de ce sommet altier de 2978 mètres du Val Ferret que nous allons randonner. Un premier col, le col du Névé de la Rousse, nous ouvre les portes de la magnifique Combe de l’A. Nous traversons ensuite les pentes supérieures de ce sanctuaire animalier et botanique avant de le quitter, à regret, au niveau du Basset, point de passage au nord de la Tsavre.

Un avertissement préalable s’impose : la descente du Basset est assez aérienne. Elle se déroule dans de raides pentes gazonnées en bordure d’une zone de ravines spectaculaire. Un randonneur averti en vaut deux : devoir faire demi-tour après 4 heures 30 de marche serait une désagréable surprise ! Les personnes sujettes au vertige ne doivent pas forcément renoncer, mais plutôt entreprendre ce circuit dans le sens inverse ou en réaliser une partie seulement en aller-retour par le col du Névé de la Rousse.

Nous nous mettons en branle au parking ou à l’arrêt de bus de Ferret. On commence par suivre la route asphaltée, qui n’a plus guère de trafic à cet endroit. Après un quart d’heure la route devient piste d’alpage. Ne pas descendre à droite vers le pont ni monter à gauche vers les Ars Dessous mais poursuivre devant soi.

Mont Dolent
2 - Mont Dolent

On se dirige vers la ferme des Ars Dessus. Des virages en épingle nous font franchir le même torrent à deux reprises. A la seconde courbe débute le sentier que nous devons emprunter. Sur un panneau figure Col du Névé de la Rousse, Liddes/Combe de l'A, sans indication de temps [1955m, 55min]. Le chemin pas très large escalade en lacets serrés la pente à gauche du lit d’un torrent. Puis il finit par s'en éloigner en entamant une traversée en dévers vers le nord. On a face à soi la Tsavre, aussi appellée Mont Ferret, notre compagne/compagnon pour la journée.

Un petit promontoire invite à reprendre son souffle en découvrant le paysage du Val Ferret [2250m, 1h40]. Il y a là la ferme de la Peule, coiffée de la mitre démesurée des Grandes Jorasses, le Mont Dolent et son glacier rabougri. Il y a aussi, pour qui a une vue perçante, la cabane de l’A Neuve et le Bivouac du Dolent. Avec sa couleur orange vif, ce dernier devrait être le plus facile à repérer.

Les teintes particulières du col du Névé-de-la-Rousse
3 - Les teintes particulières du col du Névé-de-la-Rousse

La flèche rouge du balisage nous fait faire un virage à droite. Redevenu ténue, la trace du sentier remonte la pente raide puis, sans raison apparente, triple de largeur. Peut-être parce qu’on approche d’une bergerie en bois, construction récente sur les ruines d’une ancienne masure de pierre [2373m, 2h].

Les 400 mètres qui nous séparent du col sont les plus beaux. On remonte un vaste alpage aux versants plissés comme un drap, L’Arpalle. En 1995 il fut le théâtre d’une pièce macabre ou de nombreuses brebis furent mutilées par un prédateur inconnu, « la bête du Val Ferret ». Un rapport officiel de ces événements – qui firent même l’objet d’une émission de Temps Présent – n’a pas pu tirer de conclusions catégoriques, mais on suppute qu’il s’agissait d’un ou de plusieurs loups venus d’Italie. Si vous êtes un véritable grizzly, aucune crainte à avoir. Par contre, si vous n’êtes qu’un humain, à votre place je presserais le pas…

Le clocher de l’Arpalle laissé à notre droite, on atteint bientôt une bifurcation [2608m, 2h40]. Le Col du Névé de la Rousse et la Combe de l’A sont parfaitement indiqués. On prend l’embranchement de gauche, celui de droite conduisant aux Lacs de Fenêtre. Le terrain devient minéral, et bientôt apparaissent à l’horizon les roches du col du Névé de la Rousse, éclatantes au soleil car de nature très particulière. Maurice Brandt, dans un des ouvrages de référence du Club Alpin, nous apprend que la coloration ocre des pentes orientales du col est due à du gypse et de la cargneule. Les derniers décamètres sous la passe consistent en une rampe de schiste dont le noir contraste admirablement avec la roche blanche. Au col [2752m, 3h], notre prochaine destination figure sur une des plaques jaunes des sentiers pédestres : le Basset, à 1 heure de marche seulement.

Début du raccourci vers Le Basset
4 - Début du raccourci vers Le Basset

En quittant le col on pénètre dans un des 41 districts francs fédéraux de Suisse. Sous ce nom barbare se cachent simplement des zones où la faune – en principe des espèces rares et menacées - est protégée. Pour être exact, on était dès le départ dans un district franc. La loi différencie cependant entre zones de protection intégrale et zones de protection partielle. Nous venons de franchir la limite à partir de laquelle la protection est totale.

On dévale la caillasse jusqu'à un étang presque asséché, inexistant sur la carte. Un peu en dessous de l'étang, le balisage nous pousse à longer le maigre ruisseau qui s'en échappe, mais pas pour longtemps. Une pancarte Basset raccourci nous le fait traverser [env. 2600m, 3h30]. Ce chemin de traverse bienvenu nous épargne 200 mètres supplémentaires de descente. Au lieu de prendre le sentier du Basset à Vouasse, on traverse à flanc de coteau en restant à peu près sur la courbe de niveau des 2600 mètres. A Plan de Vouasse, un joli petit lac sert de miroir au Grand Combin.

Le balisage du raccourci est excellent, chose précieuse car le sentier se perd par endroits. On traverse facilement des herbes rases, des zones d'éboulis ou des névés, tout en s’approchant d’un panneau indicateur visible de loin. En voyant ce col à l’allure débonnaire, on pense qu’il s’agit du Basset et qu’un joli sentier redescend derrière. On ne peut réprimer un léger effroi en découvrant le précipice de l'autre côté. Le panneau marque le point 2681 de la carte, au bord des vertigineuses Ravines.

Combe de l’A avec le Grand-Combin et le Vélan
5 - Combe de l’A avec le Grand-Combin et le Vélan

Avant d’entamer la descente finale sur La Fouly il faut encore remonter une centaine de mètres vers le sud. Les indications Le Barfay 1h35, La Fouly 2h10 pointent vers la crête. En la suivant on arrive au Basset [2771m, 4h30], pas vraiment un col mais plutôt un petit sommet. L’amorce de la descente est assez aérienne, zigzagant sur le fil du rasoir entre un précipice insondable au nord et des gazons escarpés au sud. Des cordes ou des chaines sont là pour faciliter quelque peu ce passage scabreux.

La difficulté s’amenuise au fur et à mesure de la descente, et cela devient même très facile dès l’alpage de la Fouly [2120m, 5h15]. Le sentier fait place à une route carrossable serpentant sous les modestes installations de ski de la station. A la ferme suivante, Le Barfay, on trouve le sentier qui nous ramène à notre point de départ, le village de Ferret.

Cette excursion n’aura fait qu’effleurer la Combe de l’A, puisqu’on a parcouru le haut vallon à des altitudes au-delà de 2500 mètres. C’est la zone la plus sauvage mais aussi la plus stérile. Si les chances d’observer des bouquetins, des chamois, des aigles ou des marmottes sont bien réelles, une grande partie de la faune qui fait la réputation de la Combe de l’A vit à des altitudes plus basses. Une autre visite s’impose. A vos cartes et à vous de l’imaginer !

Précédent Suivant